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POUR UNE AMELIORATION DU CLIMAT DE L'INVESTISSEMENT EN AFRIQUE

Gaborone, Botswana, 15-16 mars 1998
GCA/EC/N.2/3/1998

Introduction
Part I: Investissement et Flux de Capitaux Privés en Afrique: Tendances et Résultats
Part II: Pourquoi le Bilan de lInvestissement est maigre en Afrique: Constraintes et Déterminants de lInvestisement
Part III: Mesures propres à Améliorer le Climat de lInvestissement
A. Actions à Engager au niveau National
B. Mesures à Prendre au niveau des Sous-Régions
C. Une Coopération Internationale pour faciliter lInvestissement
Encadré 1: Structure et Fonctionnement des Agences de Promotion de lInvestissement
Tableaux de Statistiques
Quelques Références

Introduction

La reprise appréciable qua connue récemment la croissance du PIB dans la majorité des pays de lAfrique subsaharienne, croissance qui se situe en moyenne annuelle aux alentours de 4 %, a été largement saluée comme une heureuse évolution. Il ne faudrait pas pour autant se leurrer : cette croissance devra saccélérer, car la reprise est encore trop fragile, et largement inférieure aux 7 % ou davantage qui rendraient possible un recul appréciable de la pauvreté. Mais cet objectif ne pourra être atteint que si les taux de linvestissement connaissent une croissance comparable. Ceci veut dire que, pour pouvoir réaliser une croissance et un recul de la pauvreté suffisants et durables, lAfrique subsaharienne devra porter ses taux annuels dinvestissement, actuellement de 16 à 18 % du PIB, à 25 % ou davantage.

Pour obtenir un changement aussi radical dans lévolution des taux de linvestissement, les pays africains devront commencer par reposer la question de savoir pourquoi il y a eu recul de ces taux et pourquoi ceux-ci sont demeurés faibles, après quoi il leur faudra trouver les mesures dordre législatif et institutionnel à mettre en place pour relancer linvestissement. Telles sont, parmi dautres, les questions relatives à la relance de linvestissement en Afrique qui retiennent ici notre attention. On examine brièvement, dans une première partie, les tendances des flux de capitaux privés ainsi que la situation de linvestissement en Afrique au cours du passé récent ; la deuxième partie est consacrée à létude des principales contraintes qui freinent linvestissement en Afrique ; enfin, une troisième partie considère les mesures à prendre aux niveaux national, sous-régional et international pour créer, et ensuite maintenir, un climat plus accueillant pour linvestissement.

I. INVESTISSEMENTS ET FLUX DE CAPITAUX PRIVÉS EN AFRIQUE: TENDANCES ET RÉSULTATS

A. Tendances de linvestissement

Entre 1965 et 1980, rapporté au produit intérieur brut de la région, linvestissement intérieur brut moyen sest maintenu à des niveaux satisfaisants en Afrique. Entre 1965 et 1973, il y a atteint le taux respectable de 20 % pour ensuite monter jusquà 23,7 % en moyenne entre 1974 et 1980. Malheureusement, lannée 1980 a marqué le début dune longue période de reflux, conséquence, notamment, de la crise économique généralisée dans la tourmente de laquelle la région sest alors trouvée prise. Nombreux sont, sans doute, les pays de la région qui ont, depuis, mis en route des programmes de réforme économique, mais peu dentre eux ont tant soit peu réussi à impulser une remontée sensible de leurs taux dinvestissement.

Une comparaison entre la performance moyenne du groupe formé par la Chine, lInde et lIndonésie (le groupe des pays de référence) et les tendances de linvestissement en Afrique au cours des trois dernières décennies fait apparaître un grand retard de lAfrique, (voir tableau 1). Jusquen 1980, la différence des taux dinvestissement entre lAfrique et les pays de référence, bien que visible et graduellement grandissante, était encore modeste. Par la suite, tandis quils amorçaient un recul en Afrique, ceux des pays de référence continuaient à monter, atteignant 32,1 % en 1996, soit deux fois environ ceux de lAfrique.

Une ventilation de linvestissement total entre ses composantes publique et privée montre que, depuis quelque temps, linvestissement privé a rattrapé et même dépassé linvestissement public dans le monde en développement, y compris en Afrique. Cest ainsi que les taux de linvestissement public dans lensemble du monde en développement, qui étaient en moyenne de 10 % à la fin des années 70, étaient tombés à 6 % du PIB au milieu des années 90. Dans les pays de lAfrique subsaharienne pour lesquels on dispose de statistiques, les années 90 ont vu reculer les taux de cet investissement, qui, de 7 % du PIB en moyenne en 1990, nétaient plus que de 5 % en 1995. Par contre, la même période voyait les taux de linvestissement privé augmenter de 30 % environ, passant de 10 % à un peu plus de 13 %. De ce fait, cet investissement en est venu à représenter plus de 65 % de linvestissement total dans les années 90. Si sa croissance a été assez générale, elle nen demeure pas moins fragile. Cest là, néanmoins, avec la stabilisation progressive de lenvironnement macro-économique, une tendance qui traduit peut-être une amélioration de la confiance des milieux daffaires.

Comme le financement de linvestissement intérieur se fait largement par lépargne intérieure, les tendances générales de la performance globale de lAfrique subsaharienne en matière dinvestissement suivent de près celles de la région pour lépargne intérieure globale. De 19,3 % au cours de la période 1965-73, les taux dépargne intérieure globale de lAfrique subsaharienne (en pourcentage du PIB) ont atteint 23,3 % entre 1974 et 1980. Cette tendance sest toutefois inversée, lépargne tombant à 18,5 % durant la période 1981-87 et à 16,7 % entre 1988 et 1996. Dans les pays de référence, par contre, une augmentation continuelle en portait les taux à 32,1 % en 1996 (voir tableau 2). Ainsi, le taux de lépargne en Afrique subsaharienne, qui, à la fin des années 60 et au début des années 70, atteignait jusquà 90 % de celui du groupe des pays de référence, nen représentait plus que 50 % au milieu des années 90. Il convient de noter que, durant cette période, lAfrique a souffert dune fuite considérable de capitaux dont on évalue le montant aux alentours de 70 à 90 % du PIB de la région. Conséquence dun manque de confiance dans le climat politique et économique de lheure, ce phénomène expliquait aussi, dans une certaine mesure, la médiocrité du bilan dépargne de la région. On sait aussi quune portion nullement négligeable de cette épargne était investie dans des activités non productives. Bref, alors même que les taux de linvestissement baissaient en Afrique, lépargne nécessaire pour financer cet investissement en faisait autant, de sorte quil devenait nécessaire de faire appel aux flux de ressources de lextérieur pour financer lécart entre épargne intérieure et besoins dinvestissement. Seulement, lAfrique nétait pas la seule région à avoir besoin de ressources extérieures pour financer son développement. Toutes les régions en développement ont reçu des ressources financières de lextérieur, quoique la plus grande partie de telles ressources en capitaux extérieurs soit allée à seulement une douzaine de pays.

Alimenté par la tendance croissante des systèmes économiques et financiers internationaux à la globalisation, linvestissement privé étranger a connu une croissance spectaculaire, surtout à partir de la fin des années 80. Globalement, les pays en développement en ont bénéficié. En fait, les flux de ce type dinvestissement ont, ces dernières années, dépassé laide publique au développement comme source de financement extérieur de lexpansion économique dans le monde en développement. La part des sources privées dans le financement extérieur du développement a presque doublé, passant de 44 % en 1990 à plus de 85 % en 1996.

Linvestissement direct étranger (IDE) est devenu la principale composante de toutes les sources privées de financement de linvestissement par létranger, assez loin devant laide publique au développement. En 1996, cet investissement représentait 39 % des 284,6 milliards de dollars de financements extérieurs reçus par les pays en développement, contre 31 % pour les prêts de sources privées, 16 % pour les investissements de portefeuille et 15 % pour le financement public du développement.

Alors que les apports nets dIDE aux pays en développement étaient presque multipliés par 11 entre 1970 et 1995, passant de 8,2 milliards à 87,1 milliards de dollars, lAfrique en voyait sa part diminuer. De 20 % en moyenne au cours de la période 1965-73, cette part natteignait plus 3 % entre 1993 et 1995. Elle a, en fait, augmenté en montants bruts, mais laugmentation a été modeste puisquelle na été que dune fois et demie durant les 25 années écoulées entre 1970 et 1995. Au cours de la même période, le volume dIDE reçu par lensemble des pays en développement a plus que décuplé et la croissance a été bien plus forte encore dans des régions comme lAsie de lEst.

En résumé, le bilan global de linvestissement en Afrique subsaharienne a été généralement moins bon quailleurs. La région ne sest pas encore complètement remise de leffondrement de linvestissement dont elle a souffert à partir des années 80. De plus, comme les taux de linvestissement ont continué à croître régulièrement, depuis les années 60, dans les autres régions en développement, lécart dinvestissement entre lAfrique subsaharienne et les autres a doublé au cours des 30 dernières années. La tendance également décevante des taux de lépargne intérieure dans la région reproduit, mais à un niveau inférieur, celle des taux de linvestissement. De sorte que lAfrique subsaharienne ne finance désormais pas plus de la moitié de son investissement intérieur au moyen de son épargne, alors que le pourcentage atteint 80 % et davantage dans les autres régions. Qui plus est, lAfrique subsaharienne a vu sa part des apports nets dIDE aux pays en développement fortement chuter au cours des deux dernières décennies. La conjonction de ces tendances négatives fait que les taux de linvestissement y sont largement inférieurs à ce quils devraient être pour permettre une reprise économique plus rapide et une croissance soutenue. Il faut combler un écart épargne-investissement qui ne cesse de se creuser afin que lAfrique subsaharienne puisse sortir du cycle vicieux des faiblesses (épargne faible - investissement faible - croissance faible) pour accéder au cycle vertueux des forces (croissance forte - épargne forte - investissement fort) comme ont pu le faire beaucoup de pays à croissance rapide. Des mesures judicieuses et efficaces sont nécessaires, à la fois pour mobiliser les ressources internes investissables et pour attirer davantage de flux de capitaux privés de létranger.

B. Bilan de linvestissement

Derrière ce tableau général des grandes tendances de linvestissement et des entrées de capitaux privés en Afrique, de substantielles différences se font jour dans les sous-régions et dans les pays qui valent la peine quon les examine pour lincidence quelles ont sur la détermination des orientations.

Une comparaison entre pays de la zone franc CFA et pays hors-CFA pour lévolution de linvestissement fait apparaître des différences intéressantes. Dans la seconde moitié des années 70, le groupe CFA a fait mieux que les autres : de 16,8 % entre 1965 et 1973, les taux moyens de linvestissement y ont atteint 26,1 % au cours de la période 1974-80. Pour les pays hors-CFA, les taux correspondants ont été, respectivement, de 20,9 % et de 23,6 %. Mais après 1980, alors que les deux groupes de pays connaissaient une forte chute de leur investissement, il semble que la zone CFA en ait souffert un peu plus. Son taux moyen dinvestissement est tombé de plus de 26,1 % entre 1974 et 1980 à moins de 22 % entre 1981 et 1987, pour descendre ensuite à 16,5 % durant la période 1988-96, alors que, pour les mêmes périodes, le groupe hors-CFA voyait le sien tomber de 23,6 % à 19,6 %, puis à 17,7 %.

Comme on pourrait sy attendre, un tableau plus détaillé de la situation de linvestissement pays par pays fait apparaître des résultats variables, quelques pays réalisant, et de manière durable, des taux impressionnants. Durant les années de haute conjoncture quont été, pour les produits de base, les années 1974-80, 26 pays ont réalisé des taux de 20 % ou davantage. Parmi ceux-ci, 18, dont lAfrique du Sud, le Botswana, la Côte dIvoire, le Gabon, Maurice, la Mauritanie, le Swaziland et la Zambie, ont enregistré des taux qui ont atteint en moyenne 26 % ou davantage. Parmi les huit pays dont les taux se situaient entre 20 % et 25 % figuraient le Cameroun, le Kenya, et le Nigéria.

Pendant la période plus récente qui va de 1988 à 1996, le Botswana, le Congo, Maurice, le Mozambique et la Tanzanie ont été au nombre des pays qui ont réalisé des taux dau moins 30 %. À lopposé, 15 pays, dont lAngola, la Côte dIvoire, lÉthiopie, Madagascar, lOuganda, le Sénégal, le Soudan et la Zambie, ont eu des taux inférieurs à 15 % en moyenne.

Ce bref aperçu des taux de linvestissement par pays confirme, dans une large mesure, que ces taux sont généralement faibles en Afrique subsaharienne et quils ne se sont pas pleinement rétablis du recul amorcé au début des années 80. Il montre aussi que quelques pays de la région ont réussi à sassurer des taux dinvestissement relativement élevés, aussi bien avant quaprès la période de reflux général des années 80. Il faut noter cependant que la performance relativement forte de certains repose sur des bases précaires ¾ les gros transferts de ressources extérieures quils ont obtenues à des conditions de faveur. Cest seulement dans un petit nombre de cas (notamment le Botswana, le Gabon et Maurice) que les taux élevés obtenus ont été dus principalement à une mobilisation accrue des ressources, publiques aussi bien que privées, du pays.

C Les entrées de capitaux privés

La configuration des entrées de capitaux privés en Afrique subsaharienne obéit clairement, semble-t-il, à un schéma qui varie selon la sous-région dont il sagit et les résultats obtenus par les pays. Pour ceux de la zone franc CFA, le recul enregistré immédiatement après 1980 a été relativement plus sensible et plus durable que pour leurs homologues hors-CFA. Même durant les années 90, les entrées de capitaux privés étrangers dans les premiers sont, dans lensemble, demeurées modestes, mais il semble que la dévaluation du franc CFA, en 1994, ait suscité un regain dintérêt des investisseurs pour divers secteurs, et notamment ceux de lénergie et de lextraction minière, de certains de ces pays. Par contre, le groupe hors-CFA a enregistré une croissance plus forte de ces entrées au cours de la deuxième moitié des années 80, et jusque dans les années 90. Il se peut, cependant, que ceci soit dû surtout à limportance des apports dIDE aux secteurs minier et pétrolier dun petit nombre de pays comme lAngola, le Ghana et le Nigéria. Dautre part, les pays de lAfrique subsaharienne qui affichent une croissance par habitant positive depuis la fin des années 80 ont attiré davantage de capitaux privés que ceux qui réussissent moins bien.

Les flux dinvestissement direct étranger

Comparé aux autres formes de flux de capitaux privés, lIDE procure de substantiels avantages au pays daccueil, notamment parce quil contribue, sous forme de prises de participation, à stimuler la production et la croissance sans alourdir lendettement du pays. Il a aussi pour autres avantages notables dêtre facteur de création demplois et de faciliter laccès aux techniques et aux outils modernes de gestion, le renforcement des compétences et létablissement de liens avec les marchés extérieurs ainsi que lacquisition de savoir-faire en marketing. On lui doit aussi, de par ses retombées, de stimuler la concurrence, lefficacité et lexigence de qualité ainsi que de favoriser, par effet de catalyse, la création et le développement dentreprises nationales capables dalimenter linvestisseur étranger en biens et en services.

Au cours de la période 1970-96, le plus gros de linvestissement direct étranger en Afrique subsaharienne est allé à un petit nombre de pays, qui sont toutefois devenus plus nombreux en fin de période. Dans la course générale à ce type dinvestissement, lAfrique subsaharienne na cessé de perdre du terrain depuis les années 70. Il y avait, par exemple, durant la décennie 70, deux pays dAfrique subsaharienne, lAfrique du Sud et le Nigéria parmi les 12 premiers pays en développement bénéficiaires dIDE. La décennie 80 ny voyait plus que le Nigéria et, dans les années 90, il ny en avait plus aucun.

Auparavant, parmi les pays qui recevaient des volumes considérables dIDE, il y avait eu lAfrique du Sud, le Botswana, le Cameroun, la Côte dIvoire, le Gabon et le Nigéria. Dans les années 90, ceux qui en recevaient dassez substantiels flux comprenaient lAngola, le Ghana, le Nigéria, lOuganda, lAfrique du Sud et la Tanzanie. Ici encore, il faut noter que, pour une large part, les augmentations dIDE dans un certain nombre de ces pays sont à mettre au compte de leurs secteurs pétrolier et minier. Parmi les pays qui sont à créditer dun renversement notable de situation à cet égard, on trouve lOuganda, où les entrées dIDE, qui ne représentaient quune moyenne annuelle de 1 million de dollars entre 1990 et 1992, ont atteint 93 millions entre 1993 et 1995, la Tanzanie (passée de 4 à 76 millions) et le Ghana (passé de 21 à 210 millions).

Si ces augmentations de flux dIDE sont quand même modestes si on les compare à ce quen reçoivent certains pays dautres régions, elles nen sont pas moins considérables si on les rapporte au PIB des pays africains eux-mêmes. Pour lAngola, par exemple, les récentes entrées annuelles représentent plus de 5 % de son PIB et, pour le Ghana et la Tanzanie, plus de 3 %. Parmi les pays où elles représentaient en moyenne de 1 % à 3 % du PIB, on trouve le Cameroun, le Nigéria et lOuganda.

Les flux de prêts participatifs et de prêts de capitaux privés

Comparés à ceux dIDE, les flux de prêts participatifs en direction de pays dAfrique subsaharienne autres que lAfrique du Sud sont dorigine récente et le niveau en est encore relativement bas. Cependant, les flux dinvestissement de portefeuille à destination de ces pays sont passés de 17 millions de dollars en 1993 à 641 millions en 1994 pour revenir à 297 millions en 1995. Pour lAfrique du Sud, le pendule des flux correspondants a connu de fortes oscillations : de 144 millions de dollars en 1992, ils y atteignaient 4,6 milliards en 1995 (le chiffre le plus élevé réalisé cette année-là par un pays en développement) pour tomber de plus de 40 % lannée suivante, chute imputable, semble-t-il, à lévolution défavorable du taux de change du rand sud-africain. Comme dans les autres régions, le peu dexpérience que les pays dAfrique subsaharienne ont des prises de participation démontre la volatilité inhérente à ces flux et, de ce fait, les risques que lon courrait à en faire une composante dun financement à long terme.

Les prêts de sources privées continuent à afficher une tendance au recul pour tous les pays dAfrique subsaharienne, sans doute parce que la cote de crédit de la plupart dentre eux est demeurée généralement faible. Les niveaux relativement bas, voire négatifs, des prêts des banques commerciales à lAfrique subsaharienne dans les années 90 contrastent fortement avec la tendance de la période 1977-82, période où ces prêts ont été la composante principale des flux de capitaux privés étrangers à destination de lAfrique.

LAfrique subsaharienne continue à recevoir la majeure partie de ses flux de capitaux privés des pays dEurope de lOuest et dAmérique de Nord qui sont ses partenaires traditionnels pour le développement et le commerce. Reflet, essentiellement, dhabitudes tissées par lhistoire aussi bien que de relations commerciales dorigine plus récente, deux pays (la France et le Royaume-Uni) ont représenté plus de 60 % de linvestissement de lOCDE dans des pays dAfrique subsaharienne durant la première moitié des années 90. Les États-Unis fournissaient 15 % environ du total des flux dinvestissement étranger, et le Japon un peu plus de 5 %. La majeure partie des nouveaux IDE réalisés en Afrique est le fait dinvestisseurs déjà établis dans la région.

Deux évolutions récentes sont toutefois à signaler : tout dabord, le fait que, ces dernières années, lAfrique subsaharienne a reçu dimportants flux de capitaux privés de pays en développement dAsie et, ensuite, le fait que les flux dinvestissement intra-africains enregistrés étaient, eux aussi, en augmentation. Les flux asiatiques dIDE à destination de lAfrique ont fortement augmenté puisque, de 18 millions de dollars en 1990, ils atteignaient 200 millions en 1994, les sources principales étant la République de Corée, la Chine et la Malaisie. Il est peu probable que cette tendance se poursuive, tout au moins aux niveaux atteints récemment, du fait de la crise financière qui secoue actuellement la plupart de ces pays. Quant aux flux intra-africains, ils ont essentiellement pour source lAfrique du Sud, à quoi il convient dajouter lactivité que déploient à cet égard, depuis quelque temps, certaines entreprises nigérianes. Au total, on évalue à 2,6 milliards de dollars le stock officiel dIDE généré en 1996 par des investisseurs privés africains, montant dont les deux tiers environ sont à mettre au compte de lAfrique du Sud et du Nigéria.

Linvestissement privé étranger en Afrique subsaharienne va principalement au secteur primaire, et cela beaucoup plus quen aucune autre région du monde en développement. Autant dire que la part des secteurs pétrolier et minier y a été prédominante ¾ et, par voie de conséquence, que les pays dotés de ressources pétrolières et minières ont, dans lensemble, été les principaux bénéficiaires des flux dIDE à destination de la région. Cela dit, même dans les pays exportateurs de pétrole et de ressources minérales, les flux dIDE financent de plus en plus le secteur secondaire aussi bien que tertiaire. Au Nigéria, par exemple, qui joint à la possession de pétrole lexistence dun vaste marché intérieur, le secteur du pétrole et du gaz ne représentait, en 1992, que 33 % du stock dIDE du pays, alors que le secteur manufacturier et celui des services en absorbaient, respectivement, 48 % et 19 %. En Afrique du Sud aussi, entre mai 1994 et mai 1996, les plus importants bénéficiaires de flux dIDE comprenaient le secteur alimentaire, les composants pour moteurs et automobiles, lélectronique et les technologies de linformation, les services et limmobilier.

Maurice est probablement, de tous les pays dAfrique subsaharienne, celui qui est le mieux parvenu à drainer de substantiels flux dIDE vers son secteur manufacturier, et cela surtout grâce à laccès spécial aux marchés étrangers que lui assuraient le système de préférences prévu par lAMF et la Conférence de Lomé, et grâce aussi aux incitations généreuses de sa zone franche de transformation pour lexportation. Ce sont aussi les avantages dun accès préférentiel qui sont à lorigine des flux dont ont bénéficié le Lesotho et le Botswana pour des activités manufacturières orientées vers les marchés de lUnion européenne, des États-Unis et de lAfrique du Sud, et qui ont rendu possible, au Togo et au Zimbabwe, le financement du secteur des textiles sur la base dun accès préférentiel aux marchés prévu par la Convention de Lomé et le SGP.

Les flux dIDE qui ont servi à financer le secteur des services en Afrique subsaharienne sont allés principalement au tourisme, et en particulier au secteur hôtelier. Plusieurs grands projets agricoles en ont également bénéficié. Tel a été le cas, notamment, de la culture de la banane au Cameroun, de celle du thé en Tanzanie et de celle de lhuile de palme au Ghana, ainsi que dopérations agricoles à grande échelle en Zambie. On note un intérêt croissant des investisseurs étrangers pour les télécommunications et le secteur de lélectricité, sous la forme, à la fois, de participations à des opérations de privatisation et dinvestissement dans la mise en place de nouvelles capacités.

Au total, il ressort des éléments dappréciation dont on dispose que le rendement de linvestissement étranger en Afrique atteint maintenant des niveaux respectables. Cest ainsi que, pour les entreprises britanniques aussi bien quaméricaines, son taux moyen dépasse maintenant 15 %, chiffre qui soutient favorablement la comparaison avec les autres régions. Et certaines bourses des valeurs dAfrique ont de même enregistré des taux de rentabilité supérieurs à ce quils sont ailleurs. Ce sont là des faits dont la connaissance na toutefois pas fait lobjet dun effort de diffusion suffisant.

II. POURQUOI LE BILAN DE LINVESTISSEMENT EST MAIGRE EN AFRIQUE: CONTRAINTES ET DÉTERMINANTS DE LINVESTISSEMENT

Lanalyse que nous venons de faire montre on ne peut plus clairement que, tout au long des années 80 et jusque dans les années 90, les taux de linvestissement ont été très faibles dans la plupart des pays dAfrique. Il est non moins clair quun niveau acceptable de croissance économique et un recul sensible de la pauvreté ne seront pas possibles sans une augmentation substantielle des niveaux de linvestissement ; il faudrait que, de leur moyenne actuelle de 16-18 %, ceux-ci atteignent les taux de 25 à 30 % de lAsie et de lAmérique latine. Un tel bond peut paraître relever de la gageure pour un grand nombre de pays dAfrique, mais cest un objectif réalisable. Il faudrait commencer par analyser les raisons qui font que les taux de linvestissement ont été plus faibles en Afrique quailleurs, en portant tout spécialement lattention sur les déterminants clés de linvestissement, qui sont généralement les mêmes pour tous les investisseurs, quils soient nationaux ou étrangers. En général, les décisions dinvestissement sont laboutissement dun processus consistant à peser les risques dun engagement immédiat de capital comparés à ceux quil peut y avoir à surseoir à une décision aussi «irréversible» dans lespoir de réduire ainsi la part de lincertitude. Il semble que, dans le cas de beaucoup de pays dAfrique, les décisions dinvestissement soient rendues plus difficiles par le fait que divers risques réels et/ou supposés viennent se greffer sur le cadre général de ces déterminants.

Taille du marché et croissance économique

Il est évident quun pays qui possède un vaste marché intérieur et une économie en croissance soutenue doit pouvoir, en principe, présenter de lintérêt pour linvestisseur, tant étranger que national, puisquil offre de bonnes perspectives de gains et de rentabilité à leur investissement. Inversement, cet investisseur ne sera probablement pas attiré par une économie de dimensions restreintes dont la croissance est négative ou insuffisante. Comme la majorité des pays africains ne disposent que de marchés étroits et comme un nombre appréciable dentre eux affichent, depuis les années 80, un bilan de croissance médiocre, il ny a rien de surprenant à ce que le taux de linvestissement y soit décevant.

Politiques macroéconomiques

Lexistence dun cadre dorientations macroéconomiques saines caractérisé par des déficits budgétaires faibles et supportables, une inflation modérée et un taux de change dans lensemble compétitif est un des éléments essentiels de ce qui constitue un climat porteur pour linvestissement. Lapplication de politiques bien orientées et la mise en oeuvre de réformes dictées par un souci de stabilité macro-économique et des systèmes libéralisés de prix et de commerce, doivent, pour gagner la confiance de linvestisseur et la conserver, sétaler sur un temps suffisamment long. La poursuite dorientations contradictoires, les reculades et le manque de détermination dans la mise en oeuvre des réformes et de politiques bien orientées ont pour effet de décourager linvestissement.

Le régime de change est une question capitale et sensible pour linvestisseur. Dune part, surtout sil produit pour lexportation, celui-ci sera mal disposé à légard dun régime de change mal aligné et surévalué. De lautre, si le taux de change est sujet à de fortes fluctuations ou sil est constamment dévalué dans un souci de compétitivité, linvestisseur étranger y verra peut-être un facteur supplémentaire de risque et dincertitude dans la mesure où cela a des incidences sur la valeur (en devises) de son investissement ainsi que sur ses futurs gains et transferts de fonds. Il sera donc porté à préférer un régime qui lui garantisse des taux de change à peu près stables et relativement bien alignés.

Dans lensemble, la stabilité et la crédibilité des orientations macroéconomiques ont des implications considérables pour les décisions dinvestissement. Maurice est un des rares pays dAfrique à être parvenu rapidement à réaliser cette stabilité, ce qui lui a valu dexercer un attrait puissant et durable sur les investisseurs.

Stabilité politique et sociale

Linstabilité politique, lagitation sociale et les conflits internes et entre États ont un effet fortement dissuasif sur linvestissement (sauf sur certains investissements miniers, pétroliers et gaziers que leur enclavement met souvent à labri des conflits et de lagitation sociale). Linstabilité politique fait courir un grand risque aux droits de la propriété et à la sécurité des investissements, outre que la conduite normale des affaires est ainsi rendue difficile par lirrégularité du transport et des communications et leurs interruptions. Les conflits internes peuvent avoir un effet de contagion sur les pays voisins, car linstabilité qui règne dans un pays retentit nécessairement sur la sous-région. Cest ainsi que le coût et les perturbations subis peuvent être considérables pour des pays voisins « stables » qui sont obligés, pour leurs besoins de communication et leur transport, de transiter par des pays en proie à un conflit interne et à linstabilité. On peut citer à cet égard les effets néfastes de la guerre civile du Mozambique sur léconomie du Zimbabwe et du Malawi. Si les grandes guerres civiles ont perdu de leur virulence, la poursuite de quelques conflits internes ainsi que le récent reversement de quelques gouvernements démocratiquement élus perpétuent limage dune Afrique instable. Si defficaces contre-mesures ne sont pas prises, tant par les pays africains que par leurs partenaires du développement, pour changer cette image, beaucoup de flux dinvestissement étranger seront ainsi perdus pour la région et devront attendre. La stabilité politique est aussi affaire de confiance des citoyens dans leur gouvernement. Cette confiance manque peut-être parfois, surtout quand le passé récent demeure marqué par le souvenir dactions gouvernementales arbitraires, prédatrices et répressives. Les investisseurs étrangers sadressent généralement à ceux du pays pour les guider à cet égard.

Endettement, termes de léchange et autres chocs

Exportateurs de produits essentiellement primaires, les pays africains sont plus exposés que la plupart des autres pays aux aléas des termes de léchange. Leur évolution défavorable durant la majeure partie des années 80 et au début des années 90 a eu un impact négatif sur les résultats économiques. Pareil état de choses contribue notamment à des difficultés de balance des paiements, ce qui a pour effet, à son tour, de décourager linvestissement en donnant ainsi une image renforcée de linstabilité du climat économique.

Il nest pas difficile de comprendre leffet dissuasif que le poids excessif de la dette africaine a sur linvestissement. Même si un pays africain était capable dassurer le service dune dette extérieure lourde, les paiements à effectuer à cet effet entraîneraient, ou bien une aggravation du déficit budgétaire, ou bien un alourdissement des charges fiscales. En outre, des restrictions ou rationnements de devises à dautre fins pourront être nécessaires, comme pour les transferts, en raison des besoins additionnels de devises que crée le service de la dette. Il est évident que tout ceci serait vu par linvestisseur, et en particulier par linvestisseur étranger, comme un risque à prendre en considération. La situation actuelle peut paraître différente en ceci que plusieurs pays ne respectent pas rigoureusement leurs obligations de service de la dette. Cela dit, il est probable que ce nest pas uniquement le service de la dette, mais son encours total, qui préoccupera linvestisseur. Cest pourquoi, dans les circonstances actuelles où, malgré ce qua de louable linitiative PPTE, le problème du surendettement de la plupart des pays dAfrique demeure à peu près entier, la dette continuera à présenter un gros obstacle à linvestissement en Afrique.

Beaucoup de pays sont également exposés à dautres chocs, dorigine interne pour la plupart, tels que sécheresses, inondations et épidémies. De tels chocs ayant généralement pour effet daffaiblir le potentiel de production et dexportation du pays et daccroître, dans la plupart des cas, les dépenses de lÉtat, il est probable que linvestisseur y verra un facteur de risque.

Infrastructure physique

Lexistence, le coût, lentretien et le bon fonctionnement déléments essentiels dinfrastructure, tels que routes, transports, électricité, télécommunications et équipements portuaires, sont dune importance capitale pour la rentabilité et la compétitivité des entreprises, anciennes ou nouvelles. Cest surtout, ces dernières années, sur linfrastructure, léducation et autres services à caractère social que sest porté linvestissement public dans un grand nombre de pays dAfrique subsaharienne. Dans certains, toutefois, les contraintes budgétaires ont entraîné une forte réduction de linvestissement public en général, et en particulier dans le domaine de linfrastructure. Une infrastructure insuffisante, et qui paraît devoir le demeurer, découragera linvestissement et pourrait même finir par pousser linvestisseur étranger à la relocalisation. Ce nest pas seulement que beaucoup de pays dAfrique nont pas dinfrastructure physique suffisante ; ce quils ont souffre dun cruel besoin de remise en état et de modernisation, de sorte que de nouveaux investissements seront nécessaires pour en développer la capacité et en améliorer lefficacité.

Infrastructure institutionnelle

Institutions publiques: La compétence, la force et lefficacité des institutions publiques définissent et déterminent la validité, limpartialité et la transparence des décisions quelles prennent ainsi que des services quelles assurent. Manque de transparence et corruption dans le domaine des marchés publics, partialité, favoritisme et népotisme dans les procédures administratives et juridiques constituent, cest bien connu, des obstacles à la réalisation dun investissement. La fiabilité des appareils juridique, réglementaire et administratif est lun des fondements de la confiance de linvestisseur. Cela suppose quil existe des tribunaux compétents, indépendants, impartiaux et intègres. Ainsi seulement seront assurés le respect de la légalité et la prompte application des contrats et des droits de la propriété. Cest là une des plus importantes questions dordre institutionnel sur lesquelles il faut que linvestisseur soit convaincu et rassuré. De même, le degré de conscience professionnelle, defficacité et de compétence de lappareil administratif et des organes de contrôle de lÉtat revêt une importance capitale pour lui, car de cela dépendent le temps et largent nécessaires pour établir des permis dinvestir et, de fait, pour déterminer de lissue réservée à dautres affaires dont il aura saisi ladministration. Jusquici, les institutions publiques de la plupart des pays africains sont généralement demeurées faibles, ce qui rend leur renforcement nécessaire. La médiocrité des salaires et labsence de système davancement au mérite ont inévitablement engendré corruption et inefficacité. Il nest guère douteux que les faiblesses globales de lappareil administratif et réglementaire des États ont eu pour effet de freiner linvestissement en Afrique.

Potentiel humain: Les qualifications de la main-doeuvre, les possibilités de formation quelle offre et sa productivité sont dune importance considérable pour linvestisseur, car elles ont une incidence directe sur les dépenses, les recettes et la rentabilité de son affaire. Le niveau dinstruction en général, la réglementation du travail et la discipline de la main-doeuvre, tout cela influe sur la productivité et la compétitivité. Le potentiel humain du pays daccueil est plus déterminant que ses richesses naturelles pour la viabilité à long terme des investissements et pour la compétitivité internationale des entreprises.

Intermédiation financière: Létat de sous-développement du système financier et son insuffisante diversification ont également freiné linvestissement. Linadéquation de linfrastructure financière sest traduite par une faible mobilisation de lépargne et par une pénurie de fonds à investir. Cest ainsi quaujourdhui, dans la plupart des pays africains, linvestisseur a difficilement accès aux sources officielles de crédit à moyen et à long terme. Dans certains dentre eux, les faiblesses inhérentes au secteur financier se sont trouvées aggravées par leffet déviction et de répression financière exercé par le secteur public. Tous ces facteurs ont inévitablement entravé la croissance de linvestissement.

Sous-développement du secteur privé: Toutes ces faiblesses ¾ institutionnelles, législatives et infrastructurelles ¾ contribuent à faire de linvestissement en Afrique une opération aux coûts de transaction très élevés, mais le secteur privé africain lui-même a sa part de responsabilité dans les difficultés de croissance quy connaît linvestissement. Pauvre en esprit dentreprise, en capacités de gestion et en compétences techniques, celui-ci na guère trouvé en lui les moyens ni lintérêt nécessaires pour identifier des possibilités dinvestissement, pour les élaborer ensuite et pour les exécuter enfin sous la forme de projets concrets. Même pour linvestisseur étranger, la diversité et la force de lappareil productif et des structures commerciales sont des éléments dappréciation qui comptent pour le jugement quil portera sur la capacité daccueil du pays. Déjà gêné dans son développement par ses propres faiblesses, le secteur privé du pays africain type la presque invariablement été aussi par la place indue quy a prise le secteur public dans le domaine de la production et du commerce, ainsi que par les divers obstacles de nature réglementaire, macro-économique et institutionnelle dont on a déjà parlé. Les privatisations peuvent, à condition que le processus en soit poursuivi avec rigueur et à condition douvrir des perspectives appropriées aux chefs dentreprise, contribuer au développement du secteur privé, surtout si la promotion de la concurrence figure au nombre de ses objectifs. Sans un secteur privé africain pleinement développé et dynamique, les taux de linvestissement demeureront à leurs niveaux décevants de ces dernières années.

III. MESURES PROPRES À AMÉLIORER LE CLIMAT DE LINVESTISSEMENT

Comme les niveaux de linvestissement ont été trop bas dans la plupart des pays africains pour pouvoir remplacer les équipements et, a fortiori, pour contribuer à la croissance et à laccumulation de richesses additionnelles, de nouvelles stratégies simposent pour échapper au cycle vicieux des faiblesses (épargne faible - investissement faible - croissance faible). Il est donc important de voir quelles mesures sont à prendre pour établir les conditions dune nette amélioration de linvestissement.

Rendre leur crédibilité à la politique, aux institutions et à linfrastructure de services dont dépend le coût de linvestissement ne peut être quune opération de longue haleine à engager dès que possible. Cela dit, il est des mesures qui pourront être prises selon un rythme plus rapide et qui permettront datteindre un double objectif : rendre au pays un début de crédibilité et montrer que le climat de linvestissement y devient accueillant. Des actions concertées devront être engagées par chaque pays africain désireux daméliorer le climat de linvestissement chez lui, par des groupements sous-régionaux de pays ayant des préoccupations communes ainsi que par les partenaires bilatéraux et multilatéraux de lAfrique. Même rapidement mises en route, beaucoup de ces actions ne parviendront peut-être pas tout de suite à susciter, chez linvestisseur, un intérêt puissant et durable, mais elles devraient indiquer clairement, par les signaux encourageants quelles constitueraient, que le climat de linvestissement est en train de saméliorer.

A. Actions à engager au niveau national

Beaucoup de contraintes identifiées comme entraves à linvestissement ont leur origine dans linadéquation des orientations et dans les faiblesses institutionnelles du pays ; dautres tiennent à des carences dinfrastructure et de fourniture de services essentiels. Chacun de ces domaines devra faire lobjet dune attention prioritaire. Il faut que les pays africains reconnaissent que la mise en place des réformes nécessaires et le renforcement de leur appareil institutionnel demanderont beaucoup de temps et quil leur faudra agir avec méthode et diligence afin de réaliser une croissance soutenue et de rétablir la confiance de linvestisseur.

Assurer la stabilité politique et une gestion participative des affaires publiques

La paix et la stabilité sont des conditions préalables à lexercice normal de lactivité économique et commerciale. Linvestisseur évite généralement les pays et les sous-régions qui passent pour être instables et sujets à des conflits. Doù la nécessité de faire figurer la prévention et la résolution des conflits dans toute stratégie qui vise à renforcer la confiance de linvestisseur. Le conflit est, certes, inhérent à la politique ; mais ce qui importe, cest que la majorité estime relativement juste et équitable le système de choix politiques, de gouvernement, de répartition des ressources et de prise des décisions du pays, de telle sorte que les inévitables désaccords puissent se régler par des moyens non violents. Les régimes où le pouvoir est monopolisé par des groupements politiques, religieux ou régionaux peu représentatifs sont, de ce fait, potentiellement générateurs de conflits violents. Tolérance et dialogue, pluralisme et gestion participative des affaires publiques sont, de toute évidence, essentiels à la prévention des conflits. Contribuant à asseoir la stabilité et la paix sur des bases solides, ils contribueront ainsi à linstauration dun climat favorable à linvestissement.

Adopter des orientations crédibles

La mise en place des conditions de la crédibilité suppose prévisibilité et rigueur dans la poursuite de politiques macro-économique saines, dans lapplication des lois et des droits de la propriété ainsi que dans ladministration efficace et transparente des règles et règlements. Les politiques macroéconomiques et commerciales nécessaires pour stabiliser, pour libéraliser et pour renforcer la structure des incitations sont bien connues et point nest besoin dy revenir. Quil suffise de rappeler que linvestisseur attache une grande importance à la stabilité macro-économique et à louverture économique.

Beaucoup de pays africains ont engagé des trains de réformes économiques où laccent est mis sur la recherche de la stabilité macro-économique et la libéralisation du commerce et des changes, mais, pour la plupart dentre eux, la récompense quils en attendaient sous la forme dune croissance de linvestissement ne sest pas encore matérialisée. Cela peut être dû en partie au doute qui demeure dans lesprit de linvestisseur quant au sérieux et au caractère irréversible de ces réformes. On peut y voir aussi la conséquence du fait que ces réformes de «première génération» doivent saccompagner de celles, plus ardues, des structures et des institutions. Les pays qui engagent des réformes devront, pour la plupart, prendre dautres mesures sur les deux fronts de la stabilité macro-économique et de la libéralisation pour démontrer aux investisseurs en puissance le sérieux de leurs intentions. Par exemple, certains des pays relativement prospères ont constaté que la libéralisation totale de leur marché des changes et la détermination dont ils avaient fait preuve dans la lutte contre linflation par ladoption de régimes budgétaires plus stricts avaient considérablement accru lintérêt des investisseurs. La libéralisation de lenvironnement économique peut également favoriser la diversification des exportations, contribuant ainsi à amortir le choc dune évolution défavorable des termes de léchange, ce qui peut, à son tour, stimuler linvestissement. Enfin, linstitutionalisation à léchelle nationale ou sous-régionale, de « garde-fous » ¾ banques centrales indépendantes ou accords sous-régionaux dorientations que superviseraient des organismes de contrôle autonomes ¾ pourrait peut-être servir à rendre linvestisseur plus confiant dans la viabilité des réformes. Au niveau national, ce qui est proposé comprend loctroi dune autonomie de décision et dune indépendance totale à la banque centrale et/ou ladoption du système de budget de trésorerie. Des mesures crédibles pour réduire le déficit budgétaire pourrait être lautre composante à léchelon national pour assurer une politique cohérente et irréversible. Dans certains cas, on a tenté de résoudre le problème du contrôle budgétaire. Cependant, on peut douter de lefficacité du système de budget de trésorerie pour augmenter la crédibilité. En outre, largument de prudence avancé en faveur du système de budget de trésorerie est difficile à défendre du point de vue dune gestion macro-économique à long terme. En général, des doutes sont possibles quant à la viabilité et à lefficacité de lune ou lautre démarche.

Le régime fiscal, et en particulier la structure de limpôt, les taux applicables ainsi que lefficacité et la transparence de ladministration fiscale intéressent au plus haut point linvestisseur. Il faut éviter des impôts directs et indirects trop lourds et en simplifier et rationaliser ladministration. Linvestisseur étranger aura aussi présent à lesprit le problème de la double imposition, problème auquel il est normalement pourvu dans le cadre de traités bilatéraux entre le pays daccueil et celui de linvestisseur.

Renforcer les moyens et lintégrité des institutions

Réformer et restructurer les institutions publiques: Il est important, si lon veut améliorer le climat de linvestissement, de mettre fin rapidement aux abus de bureaucraties tatillonnes, corrompues et incompétentes qui ont pour effet de décourager linvestisseur. À cet égard, ladoption de nouveaux systèmes et lintroduction de changements de nature organisationnelle suscitent invariablement des résistances, en particulier de ceux auxquels profitent les structures et pratiques que lon veut changer. Quand la réforme concerne les principaux secteurs et branches de lÉtat, la résistance se durcit et les gouvernements se trouvent alors confrontés à une situation dont on ne saurait exagérer la gravité. Dans la plupart des cas, cest seulement par un changements global de la structure, du fonctionnement et de la responsabilisation des institutions publiques que pourra samorcer une transition vers lefficacité, la transparence et limpartialité à légard de tous. Cela demandera du temps, mais linvestisseur sera rassuré sil voit quil y a progrès. Cet objectif peut être atteint si les responsables de laction gouvernementale se montrent pleinement acquis à sa réalisation et résolus à mener à bien la réforme et le renforcement des institutions et sils arrivent à gagner le soutien des dirigeants politiques, des législateurs les plus en vue, des instances supérieures de lappareil juridique, de la fonction publique, du secteur privé et de la société civile.

La réforme de la justice, laffirmation du caractère inviolable des lois, lintégrité et limpartialité des juges et de ceux qui sont chargés de faire respecter les lois et règlements en vigueur ont une importance capitale pour linvestisseur, comme, du reste, pour lensemble des citoyens. En attendant, on pourrait faire appel à des instances darbitrage dûment constituées et habilitées pour juger les litiges de nature commerciale. Il sera important aussi daffermir lefficacité, les compétences et lintégrité de la fonction publique, en particulier parce que cela a des incidences sur lapplication des règlements relatifs aux permis dinvestir, aux transactions commerciales et aux opérations en devises et autres opérations du secteur privé. Un système de recrutement et davancement au mérite, des salaires adéquats, des normes professionnelles renforcées, une formation régulière et des systèmes modernes de gestion dûment mis à jour au bon moment, tout cela fait partie de la panoplie de mesures à prendre pour dynamiser le rôle de la fonction publique. Un comportement exemplaire de ses cadres supérieurs ainsi que de ses dirigeants politiques ferait également beaucoup pour les chances de succès de la réforme.

La simplification et la libéralisation des prescriptions réglementaires, après élimination du superflu, occupent, elles aussi, une place importante dans la création dun environnement porteur pour linvestissement. La suppression des contrôles, permis et licences qui nont pas leur raison dêtre met fin, par là-même, à la recherche de lintérêt personnel et fait gagner du temps et de largent à linvestisseur, qui peut alors concentrer toute son attention sur la réalisation effective de son projet.

Valorisation des ressources humaines: La flexibilité du marché du travail et lexistence dune main-doeuvre qualifiée et facile à former dans le cadre de programmes ciblés dacquisition daptitudes professionnelles, damélioration des niveaux dinstruction et de perfectionnement des compétences sont aussi pour linvestisseur, surtout sil est étranger, des facteurs à prendre en compte. Plus que ses richesses naturelles, cest sa richesse en capital humain, jointe à la bonne santé et à lefficacité de son appareil institutionnel, que lon en est venu à considérer comme ce quil y a de plus durable et de plus vital dans lavantage concurrentiel dun pays. Labsence de rigueur excessive dans la réglementation du travail et dans ses normes, et notamment dans les règles applicables au recrutement et aux licenciements, sera également appréciée par linvestisseur. Les pays africains devraient donc continuer à porter une attention prioritaire à la valorisation de leurs ressources humaines ainsi quà la réforme et au renforcement de leur cadre institutionnel. Laugmentation de laccès des femmes à léducation et à la formation amènera à une égalité des sexes, de même quelle élargira considérablement le capital humain. Laccent devrait également être mis sur la création demplois, en particulier pour les jeunes.

Approfondissement des structures et diversification du secteur financier: Il faut, pour investir, avoir accès au crédit et autres services financiers. Dans la plupart des pays africains, lintermédiation financière se caractérise par son manque de profondeur et ses faiblesses institutionnelles ainsi que par labsence totale, ou presque, darticulation entre ses composantes formelle et informelle. Cest pourquoi ce secteur est demeuré insuffisamment équipé pour rendre possible une mobilisation efficace de lépargne. Dans beaucoup de pays, les banques commerciales et autres établissements financiers se trouvent grevés de prêts non productifs, y compris dimportants arriérés accumulés par des organismes de lÉtat. Dans certains dentre eux, de gros déficits budgétaires ont été financés par les banques commerciales. Elles y ont peut-être été contraintes, mais il semble quelles utilisent une bonne part de leurs ressources pour acheter des bons du Trésor porteurs de taux dintérêt élevés au lieu de se consacrer à leur fonction essentielle, qui est de prêter aux entreprises. Une autre caractéristique du système financier est son manque général de diversité en matière de facilités de crédit et dinstruments financiers ainsi que le rôle dominant des banques commerciales dans la composante formelle du secteur et linexistence quasi totale du crédit déquipement. Ces faiblesses ¾ et il en est dautres ¾ ont représenté une lourde contrainte pour linvestissement. Les investisseurs, notamment les investisseurs nationaux, mais aussi beaucoup dinvestisseurs étrangers, nont toujours pas accès au crédit déquipement pour financer une partie de leurs projets, et il ne leur est pas facile non plus dobtenir des prêts à court et à moyen terme pour leur fonds de roulement. Cest dire limportance que revêtent, pour la réalisation des objectifs dinvestissement, la réforme et la restructuration du secteur financier.

Les gouvernements devraient faire appel au système bancaire en particulier, et au secteur privé en général, pour revitaliser, renforcer, développer et diversifier les services financiers. Cette collaboration entre secteur privé et secteur public devrait viser tout dabord à restructurer et à réformer les banques et les établissements financiers en vue daméliorer leurs compétences techniques et de gestion, dassainir leur assise financière par une restructuration du capital et de leur assurer des ratios actifs-passifs viables. Il sagit de faire en sorte que les pays disposent de solides institutions financières capables de mieux mobiliser lépargne et de gérer avec compétence les opérations de crédit.

On pourrait, certes, encourager les banques commerciales à sintéresser davantage au crédit déquipement, mais il faudrait envisager de recourir éventuellement à dautres mécanismes institutionnels plus orientés vers les financements à long terme pour en promouvoir et soutenir ensuite la mise en place. Il pourrait sagir, par exemple, doeuvrer à ladoption de moyens et mécanismes institutionnels appropriés pour élargir le rôle de mobilisation de lépargne que jouent lassurance vie, les fonds de pension, les fonds communs de placement, les systèmes de capital-risque et autres instruments de même nature et pour canaliser les ressources ainsi mobilisées vers les institutions et mécanismes appropriés, qui les utiliseraient alors pour répondre aux besoins de financement sur fonds propres et de crédit à long terme des investisseurs. Il pourra, à cet égard, être approprié et opportun de revoir la question de savoir sil ny aurait pas lieu de créer des institutions spécialisées dans le crédit à long terme, financées de source à la fois publique et privée, mais rigoureusement autonomes dans leurs décisions et leur gestion et libres de toute ingérence de lÉtat. Les aides concessionnelles et lignes de crédit consenties par létranger pour financer les investissements privés pourraient emprunter la filière de ces institutions et autres entités de même nature.

Tout en encourageant ce renforcement de lintermédiation financière et tout en lui apportant leur soutien, les gouvernements devraient sabstenir de contrôler le crédit comme dans le passé. Ils devraient, par contre, encourager la croissance des marchés financiers, y compris celle de bourses des valeurs dûment réglementées comme moyen de puiser aux sources nationales et étrangères de capital-actions. Mais, vu la volatilité des entrées dinvestissement de portefeuille, une extrême prudence simpose, surtout dans les pays qui nont quune expérience et une maîtrise limitées des complexités des mouvements internationaux de capitaux. Dune manière générale, les instances pertinentes du secteur public chargées dun rôle de tutelle financière, et en particulier les banques centrales, devront sassurer que des mécanismes adéquats de contrôle de gestion prudentielle sont en place pour pouvoir suivre et superviser les opérations des banques et autres établissements financiers.

Entrepreneuriat: Même sil existe des possibilités de financement, les investisseurs nationaux en puissance peuvent se trouver empêchés de faire de nouveaux investissements ou de développer des opérations déjà en route faute de potentiel de production suffisant. Il pourrait être remédié aux contraintes dordre technique, de gestion et de qualifications professionnelles par la formation, la fourniture dun soutien technique et dautres formes dassistance, ce dont les petites et moyennes entreprises ont un besoin particulier. Les Chambres de commerce et de lindustrie peuvent, moyennant quelques réformes, jouer un rôle utile dans le domaine de la recherche, de lidentification de nouveaux marchés et de la promotion des produits. Les accords de licences, les créations de coentreprises et les contrats de gestion passés avec des partenaires étrangers sont au nombre des moyens bien connus dacquisition de savoir-faire et de compétences techniques. La mise en place de capacités nationales en services consultatifs et en services spécialisés permettrait datteindre un double objectif : répondre aux besoins de linvestisseur/producteur privé et faciliter la création et le renforcement dimportants services financiers. Il semblerait que lon assiste à lapparition, dans le secteur privé, dune classe de chefs dentreprise plus jeunes, plus dynamiques et mieux informés quil va falloir encourager et motiver. Les gouvernements pourront améliorer le climat de linvestissement à condition de promouvoir activement létablissement de relations de soutien et de collaboration entre le secteur public et le secteur privé. Les structures ainsi mises en place pourront exercer une fonction dinformation, de consultation avant la publication dimportantes mesures intéressant lactivité économique et commerciale et, plus généralement, de dialogue entre le secteur public et le secteur privé. Lexpérience montre que la règle la plus appropriée et la plus utile à suivre à cet égard est de faire en sorte que les règles du jeu soient les mêmes pour tous les investisseurs, nationaux ou étrangers, et quils soient traités à égalité, y compris sur le plan des incitations.

Privatisation: Les privatisations favorisent la croissance du secteur privé. Le sérieux dont font preuve les gouvernements dans lexécution de leurs programmes de privatisations et le temps quils y consacrent seraient dassez bons indicateurs de leur volonté de désengagement du domaine de la production et du commerce. Un programme de privatisations soigneusement préparé peut permettre datteindre deux autres objectifs : développer le secteur privé et renforcer la concurrence. Les privatisations ont beaucoup fait pour attirer linvestissement, notamment linvestissement direct étranger. Dans de nombreux cas, lentrée sur le marché par la privatisation a conduit linvestisseur étranger à faire des investissements additionnels, à la fois pour moderniser ou agrandir lentreprise privatisée et pour engager des opérations dinvestissement entièrement nouvelles. Le Bénin, le Ghana, le Mozambique et lOuganda sont au nombre des pays où les privatisations ont stimulé la réalisation dimportants investissements nouveaux. Sil se fait par vente publique dactions, le désengagement de lÉtat peut aussi contribuer au développement des marchés financiers. Comme on la dit plus haut, si elles se font dans des conditions de relative transparence et de participation ouverte, les privatisations renforcent le secteur privé, stimulent la concurrence, favorisent la réalisation de nouveaux investissements et améliorent le climat de linvestissement en faisant connaître les intentions du gouvernement.

Réduire le plus possible les coûts de transactions

Certains préfèrent, sans doute, des définitions plus étroites, mais quand on parle ici de «coûts de transaction», cela couvre le transport, les communications, le transit, les opérations portuaires et lexpédition par voie maritime, à quoi sajoutent les activités commerciales, le marketing, les formalités bancaires, la négociation et la passation des marchés et les autres activités liées à lapprovisionnement en facteurs de production, au stockage, au marketing et à la vente des produits. Les marges comparativement larges entre le prix à la ferme ou le prix sortie-usine, avec le prix en fin de distribution ou de chaine de mise sur marché, montrent la nature excessive des coûts de transaction en Afrique. Pour les pays enclavés, il y a en plus les coûts additionnels de transit et de transport. Le coût de ces transactions, le temps que cela demande et la qualité des services, tout ceci influe considérablement sur le coût final de linvestissement. Inutile de répéter que tous les pays africains devront prendre tout un ensemble de mesures pour que les choses saméliorent sensiblement à cet égard. La tâche à accomplir concernera, en partie, la réforme et la rationalisation des appareils réglementaire et administratif; comme on la indiqué plus haut, cela pourra se faire en taillant dans les règles et règlements eux-mêmes pour en éliminer le superflu ainsi que pour en réduire au maximum le nombre et les simplifier (mais il pourra arriver quil faille, dans certains cas, pourvoir à des lacunes par lintroduction de nouvelles dispositions). Ce quil en restera devra être administré avec toute la compétence et la transparence voulues afin daméliorer le climat des affaires. Les prestataires de services du secteur privé devront, eux aussi, rationaliser et améliorer leurs opérations; la stimulation de la concurrence pourrait être un important moyen dy parvenir.

Il est évident que, pour réduire le coût du transport et des communications ainsi que les autres dépenses qui sy rapportent, il faudra mettre en place de nouveaux éléments dinfrastructure et équipements et améliorer considérablement létat et lentretien de ce qui existe. Cette tâche a été généralement dévolue, pour lessentiel, au secteur public et cest une tâche à laquelle celui-ci devrait satteler durgence étant donné que le bon fonctionnement de ces services ferait beaucoup pour répondre à une préoccupation majeure de linvestisseur. Linvestissement du secteur public en infrastructure de base, notamment en routes, peut comporter dautres avantages, comme de créer des emplois. La mauvaise qualité des services dinfrastructure ayant un effet paralysant sur linvestissement du secteur privé, il faut que les pays fassent de linvestissement de linfrastructure une priorité absolue. Mais, avec leurs contraintes budgétaires, il devient clair que les gouvernements ne seront pas en mesure de financer tous les investissements de ce type. Il est donc capital que les pays dAfrique subsaharienne améliorent leur infrastructure par une mise en oeuvre accélérée de leurs programmes de privatisations et par lessai dautres démarches propres à associer le secteur privé au financement et à la gestion déléments essentiels dinfrastructure. Certains pays africains ont montré récemment de lintérêt pour une participation du secteur privé à des investissements de ce type. Par la privatisation ainsi que par de nouvelles opérations, celui-ci a déjà ouvert une brèche dans le domaine des télécommunications africaines et il sintéresse de plus en plus, par ailleurs, au secteur de la production et de la distribution délectricité. Certaines de ces nouvelles opérations du secteur privé dans le domaine de linfrastructure sinspirent, semble-t-il, de la formule dite CET (construction-exploitation-transfert), formule qui a pour variantes CEP (construction-exploitation-propriété) et CEPT (construction-exploitation-propriété-transfert). Certains grands corridors routiers et ferroviaires feraient de bons candidats pour de nouveaux investissements du secteur privé sur la base de la formule CET. Parmi les pays où ce type de formule est utilisé ou va lêtre incessamment, on trouve la Côte dIvoire, lOuganda et la Zimbabwe. Il est sérieusement envisagé, dautre part, de poursuivre, sur la base de la formule CET, laménagement et la modernisation du Corridor de Maputo, reliant la zone industrielle de Johannesburg au port de Maputo. La direction du projet sera assurée par le secteur privé, mais il existera des possibilités considérables de collaboration entre secteur public et secteur privé. Dautres grands corridors dautres sous-régions dAfrique pourraient étudier la possibilité dentreprendre, sous la direction du secteur privé également, la modernisation de leur infrastructure de transport et de transit. La formule CET nest peut-être pas une panacée; mais, compte tenu des contraintes qui pèsent sur les finances publiques, lintervention du secteur privé dans le financement de linfrastructure est à considérer comme autre solution possible aux gros problèmes que créent à lactivité économique et sociale et aux nouveaux investissements les blocages rencontrés dans les domaines du transport, de la communication et de la fourniture délectricité.

Renforcer la compétitivité

Linvestissement direct étranger cherche en particulier à implanter de nouvelles capacités de production et disponibilités découlement de ses produits dans des pays dont la situation lui offre des avantages tangibles. Dans le passé, les décisions dimplantation ont été dictées principalement par le souci de trouver des marchés ou des ressources. Mais, depuis quelque temps, des considérations defficacité sont venues sy ajouter comme déterminants tout aussi importants, sinon plus, pour les décisions dinvestissement. Ces considérations ne sont pas nécessairement exclusives les unes des autres. Cela dit, linvestisseur étranger, surtout sil sagit dune multinationale, a une vision des choses plus planétaire et il cherche à intégrer, si possible, son nouveau potentiel de production à ses réseaux internationaux de production et de distribution. Pour être viable, le nouvel investissement doit générer des produits qui répondent à des coûts compétitifs aux normes internationales de qualité en la matière. Cest dire toute limportance des considérations defficacité et de capacités techniques. Les sociétés multinationales seront naturellement portées à implanter leur appareil productif là où le cadre législatif, réglementaire et institutionnel, les dépenses dinfrastructure et autres coûts de transaction ainsi que les qualifications et la productivité de la main-doeuvre répondent à leurs normes. La nécessité où elles sont de demeurer compétitives sur le plan international les conduira normalement à sassurer, avant dentreprendre un nouvel investissement dans un autre pays, que ces conditions sont réunies. Celles-ci devront donc demeurer présentes à lesprit comme étant les conditions dentrée pour la plupart des IDE. Quant aux investisseurs du pays lui-même, surtout sils produisent pour lexportation, ils devront, dans la plupart des cas, satisfaire aux mêmes normes pour être compétitifs sur les marchés internationaux. Dans le souci de réduire le plus possible limpact de coûts de transaction élevés et, dune manière générale, pour faciliter et promouvoir linvestissement, les pays ont eu recours à la création de zones économiques spéciales ou zones franches industrielles, et ont garanti des privilèges spéciaux et des dispositions incitatives pour les investissements localisés dans de telles zones. Dautres pays ont fourni de telles dispositions incitatives à des entreprises satisfaisant aux critères dinvestissement, quelle que soit la location. Si cela permet peut-être une meilleure fourniture de services essentiels à linvestisseur, il reste que les coûts et les avantages qui en résultent pour le pays daccueil sont à peser avec le plus grand soin.

Promotion de linvestissement

Il nest pour ainsi dire pas de pays africain qui ne se soit efforcé, dune manière ou dune autre, de promouvoir activement linvestissement. Beaucoup ont créé à cette fin des agences de promotion de linvestissement avec pour mandat, tout dabord, de fournir aux investisseurs étrangers les demandes dinvestissement à remplir et de leur assurer les services correspondants, puis de participer à la sélection et à lapprobation des projets dinvestissement, pour enfin assurer un service daprès-approbation et de supervision. Le succès en a été limité, en partie parce que leur mandat était trop vaste, mais aussi en raison dinévitables oppositions de compétence entre ces agences et des ministères de tutelle au mandat solidement ancré dans la tradition. De sorte que lon en est venu à y voir, au lieu du guichet unique quelles se voulaient, un guichet de plus auquel sadresser. Il ne faudrait toutefois pas en conclure quelles nont pas leur utilité : elles peuvent, à condition de se réorienter, jouer un rôle utile de promotion.

Concrètement, une agence nationale pour la promotion de linvestissement devrait sattacher tout dabord à «vendre» le pays en projetant une bonne image (ou, si limage est mauvaise, en la transformant), pour ensuite entreprendre un travail de promotion plus ciblé en vue de parvenir ultérieurement à toucher linvestisseur susceptible de se laisser persuader de venir étudier les possibilités dinvestissement quoffre le pays. Ce travail de promotion serait grandement facilité si lon pouvait citer à cet effet lexemple dinvestisseurs qui ont connu la réussite dans le pays. Les procédures de sélection, dapprobation et autres formalités relatives à létablissement des permis dinvestissement devront être rendues beaucoup plus simples et plus conviviales pour linvestisseur, mais dautres départements sacquitteraient peut-être plus de ces fonctions, si elles sont maintenues. Il convient de souligner que « la vente » dune image améliorée et de nature à flatter linvestisseur doit sappuyer uniquement sur la réalisation de progrès réels et significatifs, cest-à-dire après quauront effectivement eu lieu les indispensables réformes dans les domaines législatif, réglementaire, institutionnel et autre dont dépend la mise en place dun environnement porteur pour linvestissement. Ainsi, ceux qui sont chargés de promouvoir linvestissement auront pour tâche essentielle, notamment, de faire valoir aux responsables de laction gouvernementale combien il est important, avant de se lancer dans des campagnes de promotion de linvestissement, de commencer

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ENCADRÉ 1

STRUCTURE ET FONCTIONNEMENT DES AGENCES DE PROMOTION DE LINVESTISSEMENT

Pour promouvoir et faciliter linvestissement, la plupart des pays africains ont créé des agences autonomes de promotion de linvestissement (API). Les API peuvent avoir des mandats nationaux, ou des orientations axées sur des secteurs ou des régions, en mettant laccent sur lattraction des investisseurs dans des secteurs spécifiques ou des domaines tels que le pétrole, les mines, ou les zones franches pour lindustrie dexportation. On trouvera ci-après une brève description des caractéristiques de lorganisation et du fonctionnement dune API.

Organisation : Pour disposer de son autonomie, et pour faciliter la coordination et laccès aux services compétents, une API est en général constituée en organisme public sous la direction dun conseil dAdministration ou dune Commission. Ce conseil comprend généralement des représentants de services officiels participant à la prise de décisions en matière dinvestissement, ainsi que du secteur privé pour faire connaitre le point de vue des milieux daffaires. Lefficacité de lagence peut être renforcée lorsque, par lintermédiaire de son Président, elle relève directement de la Présidence de la République ou de la Primature. Pour être efficace, lAPI a besoin de ressources budgétaires adéquates, et dune flexibilité dans lemploi dun personnel connaissant bien les besoins et le "language" des investisseurs privés. Les API établies de façon adéquate et dotées des pouvoirs nécessaires peuvent faire office de "guichets uniques".

Fonctions: Habituellement les fonctions dune API couvrent les domaines suivants:

Création dune image de marque: Il sagit de fournir des informations générales sur le pays, son économie et les opportunités offertes aux investisseurs. Il sagit aussi de la diffusion efficace dune telle information pour combler le vide constaté dans les guides internationaux pour investisseurs, pour présenter le pays aux investisseurs potentiels comme une destination où linvestissement est à la fois protégé et profitable, et pour contrecarrer et corriger limage négative du pays. Pour cela, on peut utiliser des brochures et des cassettes vidéo diffusées par les Ambassades et dautres circuits, des annonces dans les média étrangers, des tournées promotionnelles à létranger pour organiser des réunions et des fora avec les firmes ciblées. Les API peuvent aussi organiser des conférences sur linvestissement au niveau national où international.

Générer linvestissement: Générer de nouveaux investissements est lobjectif principal. Il est donc important pour les API de se concentrer sur des objectifs prioritaires sur les secteurs et les projets à promouvoir, et de cibler les investisseurs potentiels intéressants qui pourraient être convaincus détudier les opportunités spécifiques qui auront été identifiées. A cet égard, la disponibilité de dossiers complets comprenant des informations techniques de base portant sur les secteurs spécifiques et les projets est essentielle, tout comme lest linformation sur lenvironnement susceptible de favoriser les affaires, en particulier sur les infrastructures, la fiscalité, les marchés du travail, léducation et la législation contractuelle. Cest un bon début que de présenter un pays comme étant un endroit bien accueillant pour les investisseurs, mais ceux-ci veulent savoir où se trouvent les bonnes occasions.

Services et appui: Dès lors quun investisseur exprime son intention de prendre un engagement, il est crucial de lui faciliter le parcours à travers le processus administratif. LAPI devrait fournir une aide efficace pour lintroduction et linstruction de son dossier, tout comme pour lacquisition de permis et de licenses. Cest dans cette phase que les investisseurs sont souvent découragés du fait de retards excessifs, de contradictions bureaucratiques et dune absence de motivation de la part de certains fonctionnaires. lAPI devrait être aussi partie prenante dans le processus de triage des investissements, pour déterminer sils sont conformes aux objectifs et normes sociales économiques et environnementales du pays. Après approbation, lAPI devrait être impliquée dans le suivi, afin de sassurer que linvestisseur profite des avantages qui lui avaient été promis et sil remplit les conditions qui leur sont afférentes. LAPI devrait aussi veiller à évaluer les progrès réalisés pour savoir quelles nouvelles réformes ou mesures savèrent nécessaires pour attirer de nouveaux investisseurs. En fin de compte, un investisseur satisfait est la meilleure publicité quon puisse avoir pour attirer de nouveaux investisseurs.

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par un sérieux travail de réformes et de changements structurels de nature à créer un environnement véritablement incitatif pour linvestisseur. De plus, il faudra que les investisseurs puissent confirmer que lon trouve, à tous les niveaux de responsabilité de laction gouvernementale, ainsi que dans la fonction publique, une égale volonté dassurer un climat accueillant pour linvestissement.

Il convient, à cet égard, de souligner une fois de plus que linvestisseur national doit pouvoir bénéficier de toutes les mesures incitatives offertes à linvestisseur étranger et que son investissement doit recevoir un traitement égal, sinon supérieur, à celui dont fait lobjet lIDE. Sans vouloir sous-estimer les nombreuses retombées bénéfiques de celui-ci, notamment les avantages quil procure sur le plan de la technologie, de la gestion et de laccès aux marchés dexportation, dans la pratique cest linvestissement du secteur privé national qui est, à long terme, le plus déterminant pour la réalisation dune croissance soutenue. Cest pourquoi la promotion de linvestissement devrait aussi, moyennant les modifications appropriées, sappliquer aux investisseurs, nouveaux ou en place, du pays (y compris aux investisseurs étrangers qui y sont déjà). Elle donnerait aussi de meilleurs résultats si des organismes du secteur privé, qui pourraient être des chambres du commerce dûment rajeunies, étaient cooptés et pleinement associés à la planification et à la mise en oeuvre des activités de promotion.

Bref, la promotion de linvestissement devrait sattacher tout dabord à faire valoir les possibilités quoffre le pays et le climat accueillant quy trouvera linvestissement, après quoi on se mettrait en quête dinvestisseurs en puissance en vue de les amener à investir. Les agences de promotion devraient se considérer davantage comme chargées dune mission de service et jouer, à légard de linvestisseur en puissance, un rôle dinformation, de facilitation, dencouragement et de soutien.

B. Mesures à prendre au niveau des sous-régions

Beaucoup des mesures à prendre par chaque pays pour améliorer le climat de linvestissement gagneraient en efficacité et en force persuasive à être prises en concertation avec des pays voisins ayant les mêmes préoccupations. Il nest pas, pour cette coordination, de meilleur cadre que celui des groupements sous-régionaux dintégration économique.

Paix et sécurité sous-régionales

La stabilité interne dun pays est mieux assurée si tous les pays qui sont ses voisins vivent, comme lui, dans la paix et la stabilité. Sil en est fait un objectif commun dont le respect pourra, au besoin, être imposé, alors cette stabilité de voisinage constituera un fondement solide sur lequel asseoir une stabilité plus durable. Lappartenance à une sous-région où règnent la paix et la sécurité peut puissamment contribuer à donner à linvestisseur en puissance une image favorable du pays. Si leur charte comporte une clause relative à la paix et à la sécurité, les groupements dintégration régionale peuvent fournir le cadre dune stabilité sous-régionale; tel est le cas de la SADC, qui contient une telle clause, clause que les pays membres se sont montrés prêts à faire respecter quand des menaces à la stabilité interne sont apparues dans lun ou lautre dentre eux. Pareille concertation pour linstauration dun climat de stabilité et de sécurité aura dheureuses retombées, notamment en rendant possible la création dun environnement favorable à linvestissement. Il faut donc que, dépassant leurs frontières, les pays se concertent et oeuvrent ensemble, dans le cadre de groupements régionaux appropriés, à létablissement et au maintien de zones de paix et de stabilité.

Un marché plus large et plus intégré

Comme on la indiqué plus haut, les décisions dinvestissement sont fortement déterminées par la taille du marché et la croissance de léconomie. La promotion de linvestissement privé a été considérablement entravée par la taille de léconomie africaine type. Ces petites économies balkanisées attireraient donc davantage linvestisseur si les pays africains élargissaient leurs marchés en sorganisant de manière à former de véritables groupements dintégration régionale. Mais il faudrait pour cela lever les barrières qui font obstacle à la libre circulation des marchandises, des capitaux et de la main-doeuvre. Or, dans le cas dun grand nombre de structures dintégration africaines, ces barrières nont pas disparu avec ladoption des accords dhabilitation.

Pour faciliter les relations entre pays membres, de gros investissements en routes, en transports et en communications seront nécessaires. De plus, les pays devront prendre des mesures parallèles en vue de réduire les droits de douane et de supprimer des réglementations qui font obstacle aux échanges et aux investissements. Il pourra, à cet égard, être prudent et réaliste dengager une procédure plus rapide de réduction des droits de douane entre pays membres dun groupement dintégration avant de souvrir dans une égale mesure au reste du monde. Les "coûts" de lajustement seront plus bas et plus gérables avec cette approche de la libéralisation. Il ne faut toutefois pas se cacher quen raison des investissements que cela demandera et de la perte de recettes fiscales qui en résultera, lapplication de ces mesures ne sera pas facile. Ainsi, il est probable que cette perte de recettes suscitera au niveau national des résistances ouvertes ou secrètes. Les obstacles dordre réglementaire et administratif ne pourront être levés que si tous les pays membres sengagent à entreprendre simultanément de réformer, rationaliser et simplifier ce qui doit lêtre. Il faudra compter aussi avec la résistance quy opposeront les groupements de défense dintérêts communs, en particulier de ceux que favorise le maintien de la protection des marchés nationaux. Mais les avantages plus larges que lon assurerait à tous en facilitant et en encourageant la réalisation de nouveaux investissements par le secteur privé¾étranger, régional ou national¾devraient lemporter sur les intérêts étroits des partisans du protectionnisme. Bref, bien organisés et bien gérés, les groupements dintégration régionale peuvent offrir des marchés larges et intéressants aux nouveaux investisseurs.

Coordination et harmonisation des politiques économiques

Comme beaucoup de pays africains ont entrepris des programmes de réformes économiques ayant pour objectifs la stabilisation macro-économique et la libéralisation du commerce et du régime des changes, il devrait être possible à des pays qui sont voisins, et de leur intérêt, de coordonner et dharmoniser leurs politiques économiques. La «Cross Border Initiative», dont sont membres plus dune douzaine de pays dAfrique orientale et australe, a pour objectif de promouvoir et dencourager pareille coordination et harmonisation. Le nouveau départ pris par lEast African Cooperation a été favorisé en partie par cette évolution, mais il est surtout à mettre au crédit de dirigeants et lévolution dun mécanisme de consultation public-privé, en appui dune intégration régionale des trois pays membres pour la ferme volonté politique dont ils ont fait preuve à cet égard. En Afrique de lOuest, lUEMOA pourrait éventuellement servir de puissant mécanisme de coordination et de convergence. Ses membres ont récemment pris des mesures en vue dharmoniser leurs législations et leurs réglementations dans le domaine économique et commercial, y compris leur code des investissements. Naturellement, lUEMOA, tout comme son homologue centreafricain (la CEMAC), ont lavantage de posséder dimportants instruments de convergence et dharmonisation du fait que les pays qui en sont membres ont une monnaie commune, le franc CFA, et une autorité monétaire centrale.

Cela dit, lharmonisation et la coordination, au sein dune structure sous-régionale, de politiques nationales bien orientées devrait donner au groupe de bien meilleures chances dattirer linvestissement que si chaque pays agissait seul. Par contre, si certains membres nadoptent pas une politique saine ou sils continuent à pratiquer une mauvaise politique, ceci pourra rejaillir défavorablement sur les pays voisins et affaiblir lintérêt des investisseurs pour lensemble du groupe. Mais, en général, les progrès de la convergence des politiques macroéconomiques et de la libéralisation des échanges et des systèmes de paiement devraient multiplier les possibilités dinvestissements transfrontières. La création de bourses régionales des valeurs ou létablissement de systèmes de cotation croisée sur les bourses nationales ainsi que la création de banques régionales dinvestissement et autres institutions financières régionales aurait pour effet de promouvoir et de faciliter un investissement orienté vers des marchés sous-régionaux. Dautres mesures seront nécessaires, cependant, pour harmoniser les codes de linvestissement et les mesure dincitation, à la fois pour réduire le plus possible, et éliminer de la course à linvestissement étranger, les comportements dégoïsme sacré et pour faire en sorte que les règles du jeu soient les mêmes pour tous les investisseurs, nationaux ou étrangers. Linitiative récente de lEast African Cooperation, qui a regroupé les agences des pays membres pour la promotion de linvestissement en vue de sentendre pour présenter, dans leurs activités de promotion, lensemble de la sous-région comme constituant une seule et même zone dinvestissement, mérite dêtre encouragée et imitée dans dautres sous-régions. Lunité de coordination sectorielle de la SADC en matière de finance et dinvestissement, a le potentiel de permettre aux pays membres de faire des avancées dans la même direction en matière de promotion de linvestissement.

Arrangements sous-régionaux pour renforcer la crédibilité des orientations

Des pays sérieusement engagés sur la voie des réformes et qui suivent de bonnes politiques sont déçus de constater que linvestissement attendu tarde à se manifester. Pour une large part, ce retard sexplique par le fait que linvestisseur attend que lexpérience vienne confirmer la fiabilité et lirréversibilité des orientations suivies. Cela demandera du temps. En attendant, si loin et si profondément quil aille dans ses réformes, la cote de risque explicite ou implicite du pays demeurera élevée. On a donc, pour tourner ce dilemme, suggéré dadopter des mécanismes daccès plus rapide à la crédibilité en créant ou en désignant des "gardes-fous" et en leur donnant du pouvoir pour renforcer le maintien des pays sur la voie des orientations prises ou des réformes engagées.

Composante ou variante de la proposition relative à la création de «garde-fous», une structure sous-régionale serait chargée détablir et de renforcer la réputation de cohérence et de crédibilité de la politique dun pays. Il sagit, en substance, damener les pays à adhérer à un pacte de stabilité régionale aux termes duquel ils sentendent sur les éléments de saine politique que chacun sengage à appliquer et sur ce qui constituerait un manquement aux engagements. Un mécanisme de contrôle serait mis en place dont les constatations éventuelles de manquement aux engagements ou de comportement inacceptable déclencheraient normalement une procédure de « coercition ». La crainte des critiques et des pressions dont elles saccompagneraient peut être le meilleur moyen dassurer le respect des engagements pris et de contraindre à lautodiscipline. On examine plus loin la dimension internationale de cette formule.

Des actions et démarches concertées et coordonnées de la part de groupes de pays africains, de préférence dans le cadre de groupements dintégration régionale, ouvriraient des perspectives considérables à la création des vastes marchés ainsi que du climat porteur quappelle la promotion de linvestissement dans ces pays. Il faudra, pour cela, que les pays fassent preuve dune plus grande volonté politique doeuvrer au renforcement, à la rationalisation et à lautonomisation de leurs instances dintégration et ceux qui ont, en particulier, montré leur engagement aux réformes.

Une coopération internationale pour faciliter linvestissement

Les partenaires bilatéraux et multilatéraux de lAfrique peuvent faciliter la relance et la croissance de linvestissement dans la région. Pour beaucoup des actions de portée nationale ou sous-régionale déjà recommandées, des mesures de soutien et daccompagnement peuvent être prises au niveau international. Dans beaucoup de cas, il sagira uniquement de renforcer et de développer des programmes et initiatives déjà engagés. Et cela serait, semble-t-il, tout à fait compatible avec les mesures bilatérales et multilatérales prises et les mécanismes institutionnels mis en place ailleurs, comme pour la remise en état et le développement des États dEurope de lEst et de la CEI. Ces suggestions sont également conformes, dans lensemble, à la nouvelle conception du partenariat pour le développement, qui devrait sorienter progressivement vers le commerce et linvestissement, mais qui nécessitera, en attendant, une période de transition raisonnable pendant laquelle les aides concessionnelles devront être maintenues à des niveaux satisfaisants.

Dette, aide et accès aux marchés

Le surendettement de lAfrique a été reconnu comme étant un des obstacles majeurs à la croissance de linvestissement privé. Linitiative PPTE est une heureuse idée qui va dans le bon sens. Cependant, quelques doutes ont été émis quant au rythme de sa mise en oeuvre et, en particulier, quant aux dispositions de tous les créanciers à cet égard. La question sest également posée de savoir si, sous sa forme actuelle, la formule PPTE suffirait à rétablir la confiance des investisseurs dans la capacité future des pays qui y seraient candidats à assurer le service de ce quil leur resterait de dette après application de cette initiative. La recherche dune solution aux problèmes dendettement des pays africains demeure donc une question qui doit continuer à faire lobjet dune attention pressante, car de cela dépend, en partie, lamélioration du climat de linvestissement.

Il faut de même que les pays africains puissent continuer à recevoir des volumes suffisants daide concessionnelle en raison du rôle capital quelle joue dans le financement de léducation, de la santé, du développement rural, des éléments essentiels dinfrastructure et autres programmes prioritaires. Dûment adaptée, laide peut aussi être un catalyseur de croissance pour les flux de capitaux privés, dont linvestissement direct étranger.

Laccès aux marchés à des conditions préférentielles est une autre forme daide quil faut maintenir et amplifier, car les multinationales et autres investisseurs potentiels peuvent y trouver une puissante incitation à implanter leur appareil de production dans des pays dAfrique. Si, par exemple, les textiles, les vêtements et les chaussures fabriqués en Afrique étaient assurés de pouvoir accéder librement¾hors contingent et en franchise douanière¾aux marchés des pays développés, des possibilités améliorées dinvestissements nouveaux se présenteraient alors à lAfrique pour la fabrication de ces produits ainsi que pour lexpansion et la modernisation de son appareil productif. A cet égard, lassistance technique pour aider les pays africains à prendre pleinement lavantage du SGP et dautres mécanismes préférentiels seront aussi utiles.

Encourager les apports dIDE à lAfrique

Comme lappréciation du risque entre pour beaucoup dans les décisions dinvestissement, plusieurs moyens soffrent aux partenaires du développement de lAfrique pour aider leurs investisseurs à prendre une mesure moins dramatique du risque couru et à y faire face. Le premier dentre eux, qui est le plus couramment utilisé, est de leur proposer une assurance et des garanties, généralement pour couvrir le risque non commercial. Les gouvernements de la plupart des pays développés, ainsi que des institutions multilatérales comme lAgence multilatérale de garantie des investissements (AMGI) du Groupe de la Banque mondiale, sont des fournisseurs bien connus de ce type de garantie. Les pays daccueil ont, dans de nombreux cas, pris des engagements de contrepartie à légard de projets dinvestissements étrangers en adhérant à des traités bilatéraux ou internationaux de protection des investissements. Il semble toutefois quil nexiste pas, pour les investissements dans des pays à faible revenu, de couverture du risque pour le crédit extérieur à long et à moyen terme dont saccompagne lIDE.

Ainsi se pose, plus largement, le problème de savoir comment garantir convenablement dans sa totalité le financement de linvestissement privé, tant étranger que national. Le montage financier à mettre sur pied est un important élément dappréciation à considérer pour juger du caractère réaliste et réalisable de linvestissement envisagé. Labsence de sources de financement à long terme dans la plupart des pays africains est un problème qui a déjà été évoqué. Linvestisseur-promoteur chef de file peut vouloir que dautres sassocient à lui, en partie dans un souci de réduction et de dispersion du risque, mais surtout parce que leur apport financier peut lui être nécessaire pour boucler le montage financier. Il existe des organismes bilatéraux et multilatéraux partiellement mandatés à cet égard, comme, pour nen citer que quelques-uns, la Société financière internationale ou SFI (Groupe de la Banque mondiale), la Commonwealth Development Corporation au Royaume-Uni, le FMO aux Pays-Bas, la DEG en Allemagne, la Caisse française de développement en France et Swedefund en Suède. La SFI, par exemple, a fait un gros travail de promotion, de garantie et de stimulation de lIDE et fortement contribué à la création et au renforcement de bourses des valeurs, de sociétés de crédit-bail ainsi que de diverses institutions financières en Afrique. Les institutions financières bilatérales ont joué, elles aussi, en Afrique et ailleurs, un rôle utile dans le financement de linvestissement, en tant que catalyseurs et promoteurs et en apportant directement des financements elles-mêmes. La Banque africaine de développement, de son côté, renforce ses activités de promotion et de soutien en faveur du développement du secteur privé. Il reste toutefois beaucoup à faire. Il reste, en particulier, à examiner et à rechercher plus activement et plus sérieusement la possibilité dutiliser les prêts concessionnels des institutions financières multilatérales ainsi que les prêts et dons correspondants des sources bilatérales comme garanties pour lobtention de crédit à moyen et long terme de sources privées et à voir par quels autres moyens encore il serait possible dutiliser laide concessionnelle pour susciter, par effet multiplicateur, une augmentation des concours financiers du secteur privé à linvestissement en Afrique.

Les partenaires extérieurs de lAfrique peuvent aussi avoir recours à divers instruments et mécanismes pour soutenir et encourager le renforcement et le bon fonctionnement des organisations africaines dintégration régionale. Ils pourraient, par exemple, aider à financer létablissement de relations dinfrastructure améliorées entre pays membres. Il a été suggéré aussi, comme on la indiqué plus haut, de faire appel à des partenaires extérieurs capables, comme lUE, dêtre les garants, à lextérieur, du maintien des pays sur la voie des réformes et des orientations adoptées, leur donnant ainsi la possibilité daccéder plus vite à la "crédibilité" recherchée. Comme autres moyens extérieurs dy parvenir, il y aurait celui qui consisterait à soumettre à la sanction de lOMC lapplication, effective ou prochaine, de mesures de libéralisation commerciale, ou encore, ladhésion à laccord multilatéral sur les investissements, en cours de négociation au sein de lOCDE (à condition quune analyse approfondie montre quelle serait avantageuse pour les pays dAfrique subsaharienne), et peut-être aussi lutilisation, à cette même fin, de mécanismes appropriés dans le cadre de laccord de commerce et dinvestissement États-Unis-Afrique envisagé. Alors que de telles propositions devraient faire lobjet détudes plus approfondies et être mises en oeuvre, il apparait que les dispositions nationales et sous-régionales pour réaliser la cohérence et lirréversibilité sont plus pratiques et plus faisables, à la fois politiquement et institutionnellement.

Aider au renforcement et au développement des appareils institutionnels

Lorganisation, par des partenaires extérieurs, dactivités de formation pratique ainsi que de programmes dassistance techniques bien ciblés serait bénéfique aux institutions du secteur public qui interviennent directement dans la promotion de linvestissement ainsi quà celles qui sont chargées dinstruire les demandes dinvestissement, de fournir des services aux investisseurs ou qui sont amenées, dune manière ou dune autre, à entrer en contact avec eux. Laide pourrait également aller à la restructuration des institutions et à la réforme des législations, réglementations et structures dexploitation des divers services et administrations publics en vue dassurer une application plus compétente, plus transparente et plus impartiale des législations et réglementations (relatives à linvestissement), notamment en ce qui concerne la protection des droits de la propriété et le respect des dispositions des contrats.

Les ressources de laide extérieure peuvent aussi, judicieusement déployées, servir à faciliter la formation, les échanges de données dexpérience et lacquisition de savoir-faire par le secteur privé africain. Laide pourra ainsi contribuer à donner de lessor au secteur privé, et notamment aux petites et moyennes entreprises. Les partenaires du développement pourront prendre dautres initiatives visant à développer les capacités entrepreneuriales des pays et à favoriser la mise en place de structures de collaboration entre des entreprises africaines et des entreprises étrangères dans le but daméliorer les capacités technologiques et de gestion du secteur africain des entreprises. Lexistence dun secteur privé plus solide et plus dynamique est essentielle à la réalisation dune croissance soutenue de linvestissement. Diversifié et ouvert à la technologie, il serait également en mesure de faciliter les IDE du fait quil pourrait fournir à linvestisseur étranger les matériaux, composants, facteurs de production et services dont il aurait besoin. Lexistence dun secteur privé renforcé ainsi que de structures dintermédiation financière plus solides et plus diversifiées contribuerait à accélérer linvestissement en Afrique. À leurs modes traditionnels de collaboration, les partenaires extérieurs de lAfrique peuvent ajouter celui de faciliter la croissance de linvestissement en réaménageant leur aide de façon à y inclure la fourniture dun soutien pratique au développement rapide du secteur privé africain.

Tableau 1
Investissement intérieur brut (en pourcentage du PIB)

1965-73
1974-80
1981-87
1988-96
Afrique subsaharienne
20,0
23,7
19,8
17,6
Pays CFA
16,8
26,.1
22,0
16,5
Pays hors-CFAs
20,9
23,6
19,6
17,7
Pays de référence
(Chine, Inde, Indonésie)
21,6
27,0
29,2
32,1

Source : Coalition mondiale pour lAfrique, Rapport annuel 1996

Tableau 2
Épargne intérieure brute (en pourcentage du PIB)

 
1965-73
1974-80
1981-87
1988-96
Afrique subsaharienne
19,3
23,3
18,5
16,7
Pays de référence
(Chine, Inde, Indonésie)
21,4
27,.4
28,0
32,1

Source: Global Coalition for Africa, 1996 Annual Report

Table 3
FDI Inflows to Sub-Saharan Africa (US$ Million)

Country
1985-90
1991
1992
1993
1994
1995
1996
(Annual Average)            
Angola
105
665
288
302
340
300
290
Benin
...
13
1
...
...
1
1
Botswana
69
-8
-2
-287
-14
70
23
Burkina Faso
2
1
...
13
4
2
3
Burundi
1
1
1
1
1
2
...
Cameroon
39
-15
29
5
43
52
35
Cape Verde
...
1
-1
3
2
10
8
Cent. Afr. Rep.
4
-5
-11
-10
4
4
2
Chad
21
4
2
15
27
13
18
Comoros
3
3
3
2
3
3
2
Congo Dem. Rep.
-1
12
-1
7
-2
...
...
Congo Republic
16
5
4
149
3
8
9
Côte D'Ivoire
51
16
-231
88
27
19
21
Djibouti
...
...
2
1
1
3
4
Equat. Guinea
3
42
1
1
...
3
4
Eritrea
...
...
...
...
...
...
...
Ethiopia
1
1
...
...
3
8
5
Gabon
65
-55
127
-114
-103
95
65
Gambia
2
10
6
11
10
8
12
Ghana
8
20
23
125
233
240
255
Guinea
11
39
20
3
...
1
1
Guinea-Bissau
1
2
6
-2
...
...
...
Kenya
37
19
6
2
4
33
37
Lesotho
11
8
3
15
19
23
28
Liberia
196
8
-11
30
14
21
17
Madagascar
9
14
21
15
6
10
12
Malawi
13
18
2
10
9
13
17
Mali
...
4
-8
-20
45
17
23
Mauritania
4
2
8
16
2
7
5
Mauritius
22
19
15
15
20
19
21
Mozambique
4
23
25
32
28
33
29
Namibia
9
120
104
39
52
47
52
Niger
12
15
56
-34
-11
...
...
Nigeria
690
712
897
1345
1959
1830
1720
Rwanda
16
5
2
6
-1
...
...
Sao T. & Princ.
...
...
...
...
...
...
...
Senegal
12
-8
21
-1
67
57
53
Seychelles
19
20
9
19
30
40
47
Sierra Leone
-17
8
-6
8
-4
2
...
Somalia
-2
...
...
...
...
1
1
South Africa
-119
212
-42
-19
338
327
330
Sudan
...
...
...
...
...
...
...
Swaziland
42
79
81
60
81
58
67
Tanzania
2
3
12
20
50
150
190
Togo
12
7
-2
1
2
...
1
Uganda
-1
1
3
55
88
121
135
Zambia
103
34
45
52
56
67
58
Zimbabwe
-10
3
15
28
35
43
47
S.S.A. Total
1,465
2,078
1,523
1,991
3,471
3,761
3,648

Notes: ... non connu
Source: CNUCED, World Investment Report, 1997

Tableau 4
Apports nets dIDE aux pays en développement (en dollars de 1996)

Region/Country
1970
1975
1980
1985
1990
1991
1992
1993
1994
1995
East Asia and the Pacific            
Subtot.x Region
of which
789
1,790
1,415
3,513
11,081
13,773
22,804
42,298
47,770
51,132
China
1,976
3,796
4,733
12,159
30,746
37,056
36,279
Indonesia
325
879
194
369
1,190
1,607
1,937
2,239
2,313
4,400
Malaysia
368
648
1,007
827
2,540
4,334
5,649
5,594
4,769
5,870
Thailand
169
41
205
194
2,661
2,183
2,303
2,016
1,498
2,093
             
Europe & Central Asia            
Subtot.x Region
469
285
784
709
2,288
4,759
6,760
9,385
8,852
17,422
Czech Republic
83
107
82
Greece
196
45
725
532
1,094
1,230
1,247
1,092
1,076
1,066
Hungary
1,585
1,612
2,626
1,255
4,573
Poland
11
18
97
315
739
1,916
2,056
3,703
               
Latin America              
Subtot. x Region
of which
4,276
6,050
6,632
5,208
8,841
13,554
13,885
15,718
26,583
23,172
Argentina
43
731
1,095
1,999
2,644
2,785
3,891
661
1,335
Brazil
1650
2406
2061
1606
1,077
1,196
2,246
1,444
3,369
4,917
Chile
-310
92
230
136
642
567
762
904
1,945
1,715
Mexico
1266
1125
2326
585
2,775
5,140
4,788
4,904
12,034
7,047
                     
Region/Country
1970
1975
1980
1985
1990
1991
1992
1993
1994
1995
               
Middle East and North Africa              
Subtot.x Region
of which
1,152
3,152
3,573
-2,349
3,001
1,978
2,428
4,679
3,244
-351
Egypt
15
591
1,403
799
274
500
551
1,378
605
Morocco
78
0
96
24
180
344
460
549
604
293
Saudi Arabia
78
3,446
-3,444
298
2,029
173
-86
1,531
384
-1,900
Tunisia
63
83
253
129
83
137
573
628
474
267
 
South Asia
Subtot.x Region
of which
269
205
200
314
505
494
680
940
1,350
1,812
India
189
158
85
126
176
153
165
305
680
1,316
 
Sub-Saharan Africa
Subtot.x Region
of which
1,675
2,026
36
1,132
1,008
1,731
889
1,780
3,414
2,183
Angola
331
-365
721
314
337
384
405
Ghana
266
131
17
7
16
22
25
140
256
233
Nigeria
803
772
-798
570
640
772
978
1,503
2,149
658
South Africa
1313
341
-21
-535
-5
-233
-821
-318
-157
3
Total
8,631
13,509
5,493
13,225
26,725
36,290
47,446
74,799
91,214
95,370

Tableau 5
Produit de la privatisation en Afrique subsaharienne (USD millions)

 
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
Total (1988-95)
Côte dIvoire
..
..
..
10
6
5
14
120
154
Ghana
..
1
10
3
15
28
476
87
619
Mozambique
..
1
4
5
9
6
2
26
52
Nigeria
..
33
16
35
114
541
24
..
764
South Africa
..
632
..
5
..
..
..
..
637
Uganda
..
..
..
..
12
19
24
47
101
Zambia
..
..
..
..
..
..
..
69
69
Zimbabwe
..
..
..
..
..
..
232
75
307
Others
10
16
45
2
35
49
22
121
299
Total
10
683
74
60
191
648
792
544
3002

Source : Données de la Banque mondiale

QUELQUES RÉFÉRENCES

1. Bhattacharya, Amar, Peter J. Montiel et Sunil Sharma: Private Capital Flows to Sub-Saharan Africa: An Overview of Trends & Determinants: Avril 1997 (polycopié), Banque mondiale/FMI, Washington.

2. CNUCED: Companies Without Borders: Trans-National Corporations in the 1990s: Thomsen Business Press, Londres, 1996.

3. CNUCED: World Investment Report 1997: New York/Genève, 1997.

4. Cockroft, Laurence et Roger C. Riddel: Foreign Direct Investment in Sub-Saharan Africa: Mars 1991. Documents de travail, Politique générale, recherche et relations extérieures, Banque mondiale, Washington.

5. Collier, Paul: Globalization: Implications for Africa: Novembre 1997 (polycopié), Center for the Study of African Economies, Université dOxford, Oxford.

6. Elbadawi, Ibrahim, Benno J. Ndulu et Njunguna Ndungi: Risks, Uncertainties & Debt Overhang as Determinants of Investments in Sub-Saharan Africa: Avril 1997 (polycopié), Consortium pour la recherche économique en Afrique, Nairobi.

7. Olson, Mancur: : Journal of Economic Perspectives, Vol. 10, no 2, printemps 1996, pp. 3-24.

8. SFI: Foreign Direct Investment: Washington, 1997.

9. SFI: Building the Private Sector in Africa, Washington, 1996.


 

 
   
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